Accueil > Edito de Monsieur Gilles Cheylan
Fondé en 1838, le Muséum est installé depuis 1950 dans le prestigieux Hôtel Boyer d’Eguilles, monument historique datant du XVIIe siècle où séjourna le célèbre botaniste aixois Joseph Pitton
de Tournefort. Les collections étaient constituées à l’origine des dons Coquand (minéralogie), premier directeur du Muséum, et Carle (oiseaux). Elles se sont considérablement enrichies tout
au long de 170 ans d’histoire et atteignent aujourd’hui plus de 670 000 spécimens, dont
une majorité d’herbiers et de fossiles.
Editorial

« Le désir de conserver des traces du passé est sans doute aussi vieux que l’humanité elle-même. Qu’il prenne la forme de représentations artistiques, d’objets ou de reliques soustraites aux regards des autres, il est l’essence même des musées, gardiens d’une mémoire collective enrichie de génération en génération. Car l’acte de conserver va toujours au-delà du plaisir de s’approprier uneœuvre d’art ou une curiosité de la nature ; de l’amateur au mécène, ces collections privées finissent presque invariablement dans un musée où la collection est donnée à voir au plus grand nombre. Le désir d’appropriation d’uneœuvre unique ne satisfait que celui qui l’a acquise, et les propriétaires ultérieurs résistent rarement au souhait d’en faire profiter le plus grand nombre. Ainsi naissent les musées, constitués, pour les plus grands d’entre eux, des collections privées de monarques éclairés, ou de richissimes mécènes, et pour les plus modestes d’amateurs éclairés.
Le désir d’exposer va toutefois au-delà du plaisir de montrer. En prolongement naturel de leur mission de conservation d’œuvres ou d’objets rares, les musées ont pour rôle essentiel d’éduquer en s’appuyant sur leurs collections. En effet, un objet dont on apprécie les formes, les dimensions, la texture, ne peut être remplacé par une image dans un livre ou une vidéo, fut-elle de la meilleure qualité. Il suffit de voir l’expression d’un groupe d’enfants découvrant une galerie d’animaux naturalisés ou de squelettes de monstres disparus pour comprendre que le meilleur documentaire ou la meilleure reconstitution numérique ne peut remplacer le contact avec l’original.
Dans ce rôle d’émerveillement et de découverte, les musées sont un support irremplaçable d’éveil à la connaissance. Apprendre à connaître, c’est aussi apprendre à respecter. Le siècle qui s’ouvre devant nous, sera sans doute le plus destructeur pour l’environnement de toute l’histoire de notre planète. Depuis quatre siècles, des centaines d’espèces animales et végétales ont disparu à cause de l’action humaine, et il ne reste, comme seules reliques de ces êtres disparus, que quelques squelettes ou spécimens empaillés. L’émerveillement d’une classe en visite dans un musée doit toujours s’accompagner d’un message : cesœuvres d’art, ces fossiles, ces animaux, ces vestiges archéologiques sont uniques. Ils sont les témoins d’un savoir-faire et d’une diversité aujourd’hui disparus et ils sont conservés pour ne pas en perdre la mémoire. Le rôle des musées est donc volontairement et nécessairement éducatif et ils jouent un rôle majeur dans le respect d’un patrimoine collectif. »


Gilles Cheylan
Conservateur du Muséum d’Histoire Naturelle d’Aix-en-Provence


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